Moulin Latour, Aspet

Par Corinne Dupont

Situation de l’ensemble de l’ouvrage au XXe siècle

Le point de départ du canal d’amenée du moulin se trouve au lieu dit « le Pont de Giret « .
Un acte notarié de 1873 donne un descriptif de la propriété :
un moulin à eau (farine) appelé Moulin du « Cluquet » situé sur un canal en dépendant, garni de ses trois paires de meules à moudre le grain et d’une paire à écraser la graine de lin (moulin à huile)
une scie à bois à lame verticale fonctionnant avec un rouet horizontal (scierie à eau avec un hangar pour remiser le bois)
une filature fonctionnant avec un moteur
une maisonnette servant de magasin
un moulin à farine abandonné où trois moteurs étaient établis ainsi qu’une vanne de décharge.
LA SCIERIE ET FILATURE,
LE MOULIN ET L’USINE 1947
Histoire du moulin au temps de Marcel Bizet (1891-1979)

Mon grand-père, Marcel Bizet (Orléanais et menuisier de métier), s’était d’abord installé en 1919 dans le quartier de Fontagnière, à Aspet, où il avait aménagé sa première menuiserie et scierie alimentée par la force de l’eau et un petit rouet horizontal.
Il fabriquait divers articles de bazar en bois et pratiquait du tournage en tout genre.
Pour sa fabrique de pinces-à-linge, il faisait toujours des mises au point de machines à fabriquer les ressorts afin d’améliorer
la résistance et la tenue dans le temps de celles-ci.
MARCEL BIZET AVEC SON CAMION PUBLICITAIRE
En 1924, il s’installa au moulin qui existait à Sarradère dont on peut trouver le descriptif et l’historique aux Archives Départementales.
Il savait bien sûr que le moulin venait juste d’être équipé d’une turbine de type « Pelton »,
ce qui fut une aubaine pour mon grand-père. En effet, grâce à l’eau, les diverses machines de la fabrique de pinces-à-linge, de la scierie et de la menuiserie fonctionnaient sans utiliser le réseau électrique extérieur.
L’USINE PINCE A LINGES
Je me souviens de l’arbre de transmission qui reliait le moulin à l’usine : il traversait la cour, reliait rouets et courroies qui entraînaient les moteurs de toutes les machines. Le système était bien beau, mais il fallait beaucoup d’énergie pour entretenir tout ça car, selon les saisons, les intempéries et les crues compliquaient le fonctionnement du moulin. Il fallait régulièrement nettoyer les vannes encombrées par les troncs, les branchages, les feuilles, etc. Et de même à l’arrivée d’eau de la turbine.
Dans l’atelier, une scie à ruban débitait les panneaux de bois et la « molette » servait à former les bûchettes. Ensuite, elles partaient au séchoir et une machine (tambour) en permettait l’affinage. Les ressorts étaient aussi fabriqués sur place.
La conception d’un astucieux ressort, constitué d’une boucle qui intégrait de par son volume les cotés de la pince, rendait celle-ci indémontable. Le brevet de M. Bizet fut déposé et reconnu « SGDG ».
Les ouvrières travaillaient à l’étage, assises sur des bancs autour des tables de montage pour la finition de la pince, leur but étant d’en fabriquer le plus possible car elles étaient payées « à la caisse ».
LES OUVRIERS DEVANT L’USINE 1924